L’article que nous vous proposons est la suite de l’étude pilote réalisée par l’équipe du Dr Newman auprès d’enfants hémiparétiques au CHUV de Lausanne (Série d’exercices en miroir pour les enfants hémiparétiques).
Introduction
L’hémiparésie est une des incapacités motrices les plus fréquentes chez les enfants. Elle est définie comme une perte partielle des capacités motrices d’un hémicorps (côté gauche ou droit) par opposition à la paralysie qui est caractérisée par la perte totale de motricité.
Chez les enfants souffrant d’hémiparésie, la perte d’autonomie ciblée des membres supérieurs est due à une grande fatigabilité, à une augmentation du tonus musculaire, et à une perte de contrôle moteur sélectif. Cela affecte la fonction et limite l’indépendance des enfants dans les activités de la vie quotidienne.
En thérapie miroir, les patients s’entraînent en regardant un miroir placé le long du membre supérieur et qui cache leur membre déficient. Le reflet du membre sain dans le miroir génère l’illusion visuelle que le membre parétique fonctionne normalement. Cette technique a permis, chez des adultes atteints d’hémiparésie après un accident vasculaire cérébral, d’améliorer leur fonction motrice, les activités de la vie quotidienne et de soulager la douleur.
Le but de cette étude contrôlée randomisée est de déterminer l’efficacité de la thérapie miroir chez des enfants atteints d’hémiparésie ; l’hypothèse étant que la thérapie miroir serait supérieure au groupe contrôle en termes de résultats principaux (force de la main, fonction des membres supérieurs) et secondaires (utilisation quotidienne, fonction sensorielle).
Méthodes
Les enfants (n=90) ont été répartis dans deux groupes selon un mode aléatoire. Les deux groupes ont effectué un programme d’entrainement similaire composé de mouvements symétriques et simultanés des membres supérieurs. Le groupe expérimental a utilisé un miroir pour voir le reflet de sa main saine lors des sessions d’exercices tandis que le groupe contrôle a observé sa main parétique (sans miroir).
Chaque groupe s’entraînait 15 minutes par jour, 5 fois par semaine durant 5 semaines. Les évaluations des résultats principaux (force de la main, fonction des membres supérieurs) et secondaires (utilisation quotidienne, fonction sensorielle) ont été réalisées avant (semaine 0), directement après (semaine 5), et à distance du programme d’entrainement (5 semaines après la fin de l’entrainement soit semaine 10).
Groupe contrôle vs. Groupe expérimental
Résultats
Il n’y avait pas de différence significative dans les résultats et dans la progression dans le temps entre les groupes « expérimental » et « contrôle ».
Les analyses post-hoc ont montré des améliorations significatives dans les deux groupes pour la force de saisie (T0-T1 +12,6%), la résistance au pincement (T0-T2 +9,1%), la fonction du membre supérieur en termes de précision (T0- T2 +2,7%), la fluidité (T0-T2 +5,0%), ainsi que la performance quotidienne (T0-T2 +16,6%). Les analyses comparatives ont montré des améliorations supplémentaires dans la dextérité (T0-T2 +4,0%).
Discussion
Les résultats observés chez des enfants atteints d’hémiparésie contrastent avec les effets observés chez les adultes atteints d’hémiplégie après un accident vasculaire cérébral pour lesquels il existe de fortes preuves que la thérapie miroir améliore la fonction du bras parétique.
Le but de cette étude était de déterminer l’efficacité de la thérapie miroir mais elle a, de façon involontaire, démontrée l’efficacité d’un entrainement par mouvements simultanés. Cela pourrait éventuellement s’avérer être un complément utile en tant que préconisations de ré-entrainement à domicile pour les enfants souffrant d’hémiparésie, en particulier en raison de sa simplicité. Avant de généraliser cette approche, d’autres essais cliniques sont nécessaires pour comparer l’efficacité spécifique de cette méthode avec d’autres méthodes thérapeutiques.
Rétroliens/Pings