La réalité virtuelle est définie comme une technologie qui simule la présence physique d’un utilisateur dans un environnement créé artificiellement par des logiciels. L’utilisateur peut interagir avec cet environnement ce qui permet une expérience sensorielle qui peut inclure la vue, le toucher, l’ouïe et l’odorat. Le but de la réalité virtuelle est de permettre de vivre une expérience d’immersion intense. On réalise alors une activité sensori-motrice et cognitive dans un univers créé numériquement. Dans ce contexte, le monde scientifique et médical a su exploiter la limite entre le monde réel et virtuel, ceci à des fins thérapeutiques.
Aide en chirurgie : le robot médical Da Vinci
Une des premières applications du monde numérique et virtuel dans la santé a porté sur l’assistance des chirurgiens pour des chirurgies complexes et précises. Le robot médical Da Vinci est un télémanipulateur couplé à un dispositif endoscopique qui effectue les gestes réalisés en chirurgie laparoscopique. Tous les mouvements d’instruments sont directement commandés par le chirurgien.
Cette technologie apporte plusieurs avantages : une plus grande aisance de mouvement et une plus grande précision des gestes, une visualisation en 3D de l’intérieur du patient, et un meilleur confort pour le chirurgien. Cependant, cette technologie ne procure pas de sensation tactile au chirurgien lorsque les pinces touchent un organe, et le robot coûte assez cher à l’achat.
Soulager la douleur
La réalité virtuelle peut être utilisée chez les grands brûlés au moment de leurs soins. Les patients mettent un casque et entrent dans un décor de glace ou de banquises. Ce changement d’environnement leur permet de concentrer leur attention sur autre chose que la douleur.
Une étude a été réalisée par Hoffman et al. pour déterminer l’efficacité de la réalité virtuelle dans ce genre de traitement. Les résultats ont montré une diminution significative de la douleur chez les patients distraits avec la réalité virtuelle. Cela apporte des preuves selon laquelle elle peut être une technique non médicamenteuse efficace dans le traitement de la douleur chez les grands brûlés pendant les soins des plaies.
La réalité virtuelle peut également être utilisée chez d’autres types de patients notamment les amputés. Ceux-ci présentent fréquemment une douleur au niveau du membre manquant. Cette douleur est difficile à traiter. Mais, avec cette technique basée sur le principe de la thérapie miroir, cette douleur peut diminuer.
Réduire le stress lors du traitement du cancer
En général, les traitements pour combattre et/ou soigner le cancer sont longs et éprouvants. De plus, ils n’apportent pas toujours l’assurance d’un rétablissement complet. La réalité virtuelle serait un support thérapeutique pour ces patients. En effet, il est important de savoir que le moral du patient, son état de stress ou de fatigue, peut compter comme 50% du facteur de guérison. En créant un environnement 3D, la réalité virtuelle permet, par exemple lors des séances de chimiothérapies, de s’évader. Cela affecterait de manière positive les patients.
Gestion des troubles d’origine psychique
La réalité virtuelle permet de traiter les troubles du patient en l’aidant à apprivoiser progressivement la situation anxiogène. Ce type d’application de la réalité virtuelle est aujourd’hui très fréquente. En s’habituant à la confrontation avec l’objet de ses peurs, le patient se désensibilise. La thérapie par réalité virtuelle fait partie des psychothérapies cognitivo-comportementale (TCC). Elle s’appuie sur l’expérience et le présent du patient dans le but de comprendre et de modifier les troubles psychologiques. Le patient devient acteur d’un monde en 3D qui évolue en fonction de ses mouvements corporels.
Ce type de thérapie peut être utilisée dans le traitement des phobies ou du stress post-traumatique. Par exemple, pour la peur de monter dans un avion, la réalité virtuelle, à l’aide d’un casque, permet de simuler un vol. Le patient se rend alors compte du déplacement de l’avion et de l’altitude. Dans le cas d’un stress post-traumatique, les patients ont souvent du mal à recréer mentalement l’objet de leur peur. L’intérêt est donc d’essayer de recréer les images marquantes pour revivre la scène traumatisante mais dans un environnement rassurant.
Guérir un toxicomane ?
C’est ce que semble penser l’Académie John Volken, un centre de traitement à long terme, et le Dr. Phil McGraw, dans une vidéo de son émission. L’idée est d’utiliser la réalité virtuelle comme un test pour déterminer si le traitement fonctionne bien sur les patients. En permettant de simuler des situations chargées en déclencheurs pour le toxicomane (fête, lieu, personnes …), mais tout en étant dans un environnement sûr, cela offre la possibilité d’évaluer sa situation en termes de rechute ou de réduction de ses impulsions. La réalité virtuelle pourrait donc, dans un avenir proche, s’affirmer comme un véritable outil thérapeutique dans le traitement de la toxicomanie.
En résumé : de nombreuses applications dans le domaine de la santé pour la réalité virtuelle
La réalité virtuelle … oui mais attention !
Contre-indications et précautions d’emploi
Effets secondaires : nausées, maux de tête, sécheresse oculaire.
Risques possibles : pour les personnes cardiaques, les personnes atteintes d’épilepsie, les personnes souffrant de stress, d’angoisse, de schizophrénie ou de paranoïa.
Eviter les casques de réalité virtuelle avant 15 ans : les casques de réalité virtuelle sont composés d’un écran qui sera placé devant les yeux des enfants, à quelques centimètres. Le problème est que l’écran oblige la mise au point permanente de l’œil sinon il voit flou. Les enfants en sont capables mais cela va générer une fatigue et peut être à long terme provoquer une myopie.
Eviter une utilisation prolongée : les écrans émettent une lumière bleue, toxique de très près et de façon prolongée ; surtout pour les enfants.
Patients : cette technologie peut être perturbante pour des patients âgés chez lesquels ce type de dispositif ne fait pas partie de son référentiel. De plus, en rééducation et chez des patients qui peuvent être parfois faibles, le poids du casque et les aspects d’hygiène limitent son utilisation en pratique courante.
Immersion : pour ceux qui n’ont encore jamais testé, il est difficile de le percevoir mais le niveau d’immersion qui est proposé est très fort. Dans le cadre d’une prise en charge en centre de rééducation, le patient perd le contact avec le monde réel. Hors, en rééducation et lorsqu’il existe des enjeux psycho-affectif, il est primordial pour le thérapeute de pouvoir interagir avec le patient et de pouvoir capter (notamment dans le regard) des signes de détresses ou autres. De même, il est essentiel que le patient puisse aussi se reposer sur son thérapeute.
Points faibles
Le mal de réalité virtuelle : certaines personnes sont victimes du mal de réalité virtuelle dont les symptômes ressemblent à ceux du mal des transports. Cela est dû au fait que ces personnes possèdent un système d’équilibre basé principalement sur le système visuel. De ce fait, ils se sentiront mal avec la réalité virtuelle et il n’y a pas de solutions.
Exposition à des situations perturbantes, confusion entre le réel et le virtuel : à la différence de regarder un film, les expériences de réalité virtuelle sont plus intenses car elles sont vécues à la première personne. De ce fait, le cerveau est persuadé de vivre réellement l’expérience tant le sentiment d’immersion est totale. Les réactions sont donc très intenses et parfois insupportables pour la personne. La réalité virtuelle peut également entraîner une perte de repères dans le monde réel et une possible confusion entre le réel et le virtuel. Cela peut générer des troubles psychologiques tels que la dépression.
Merci pour cette article qui liste un grand nombre d’applications intéressantes ! Pour l’utilisation chez les enfants il manque encore des études montrant les effets réels des casques sur la vision. J’ai trouvé celle-ci récemment qui est plutôt optimiste => https://immersive-technology-healthcare.hcs-pharma.com/2019/12/18/effects-of-immersive-virtual-reality-headset-viewing-on-young-children-visuomotor-function-postural-stability-and-motion-sickness/